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Briques en calcaire ou briques isolantes : quels choix pour une construction durable et performante ?

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Dans le secteur du bâtiment, choisir les bons matériaux ne se limite plus à une question de coût ou d’esthétique : c’est désormais un levier stratégique pour améliorer l’efficacité énergétique, réduire l’impact environnemental et anticiper les futures réglementations. Parmi les indicateurs de plus en plus scrutés figure notamment le carbone gris, qui désigne l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre générées tout au long du cycle de vie d’un matériau (extraction, fabrication, transport et mise en œuvre ) avant même que le bâtiment ne soit exploité.

Les briques, élément essentiel de l’enveloppe bâtie, se déclinent aujourd’hui principalement en deux typologies aux logiques opposées :


  • Le calcaire, prisé pour sa robustesse et son aspect esthétique

  • Les modèles isolants, conçus pour optimiser l’efficience énergétique et limiter le carbone gris


Cet article propose une comparaison nuancée, fondée sur des données issues d’études scientifiques fiables, complétée par des exemples concrets d’application.


Composition et conception : deux approches distinctes


D’un côté, les briques en calcaire sont issues de roche naturelle, riches en carbonate de calcium. Massives, solides et peu transformées, elles offrent une forte inertie thermique. Principalement utilisées dans les projets de réhabilitation patrimoniale, elles sont également privilégiées dans les zones proches de carrières. Un exemple marquant est celui de l’université Virginia Tech (États-Unis), où la pierre calcaire “Hokie Stone” est utilisée depuis plus d’un siècle pour revêtir les façades du campus. Ce matériau local est apprécié pour sa durabilité et son aspect minéral distinctif [6].


À l’inverse, les briques isolantes résultent d’une conception innovante, combinant argile cuite légère et matériaux recyclés tels que la sciure ou la boue de papier. Leur structure creuse permet d’emprisonner l’air et de limiter les échanges thermiques. La K‑briq®, développée au Royaume-Uni, illustre parfaitement cette approche : composée à plus de 90 % de déchets recyclés, elle est fabriquée à basse température et permet de réduire l’empreinte carbone grise jusqu’à 90 % par rapport aux briques traditionnelles cuites [7].


Performances thermiques : inertie contre isolation active


Grâce à leur forte inertie thermique, les blocs calcaires sont capables de stabiliser la température intérieure en emmagasinant la chaleur le jour pour la restituer la nuit. Toutefois, leur capacité à freiner les échanges thermiques reste limitée, ce qui impose l’ajout d’une isolation complémentaire pour atteindre les standards actuels de performance énergétique.


De leur côté, les briques isolantes ont été spécifiquement conçues pour améliorer l’isolation thermique. Leur structure interne et leurs composants légers ralentissent efficacement le transfert de chaleur. Certaines formulations contenant de la boue de papier offrent même une amélioration des performances jusqu’à 25 % par rapport aux briques standard [1]. Les simulations thermiques de Roaf et al. (2006) ont d’ailleurs confirmé qu’un mur à faible transmission thermique réduit significativement les besoins en chauffage et en climatisation [2].


Poids structurel et facilité de mise en œuvre


Très denses, les éléments en calcaire représentent une charge importante pour la structure porteuse. Leur mise en œuvre nécessite des fondations renforcées, une logistique adaptée, et peut allonger la durée des travaux.


En revanche, les briques isolantes sont environ deux fois plus légères. Cette légèreté facilite la pose, allège les contraintes sur les fondations et permet de réduire l’usage du béton. Selon Bahrami et Heidari (2022), les murs en pierre calcaire sont en moyenne 52 % plus lourds que ceux en briques isolantes, et nécessitent 18 % de matériaux supplémentaires pour les assises structurelles [3]. À l’échelle d’un bâtiment, cette différence se traduit par un gain notable en termes de temps, de coûts et d’énergie déployée sur le chantier.


Empreinte carbone : sobriété des matériaux optimisés


Bien qu’issues de ressources naturelles, les solutions à base de calcaire affichent un bilan carbone gris relativement élevé, notamment en raison de leur masse, de l’énergie consommée lors de l’extraction et du transport.


En alternative, les briques isolantes recyclées, comme la K-briq®, se distinguent par une production à basse température et l’utilisation massive de déchets. Cette méthode permet une réduction du carbone gris pouvant atteindre plus de 90 %. De telles performances environnementales les rendent compatibles avec les exigences de certifications telles que HQE, BREEAM ou LEED [4][5][7].


Domaines d’application et positionnement stratégique

Briques en calcaire


  • Domaines d’application : Ces briques conviennent tout particulièrement aux projets de réhabilitation patrimoniale, aux constructions situées en climat tempéré ainsi qu’aux façades mettant en valeur l’architecture.

  • Principaux avantages : Leur robustesse, leur forte inertie thermique et leur esthétique naturelle en font un matériau de choix pour les bâtiments à caractère historique ou hautement qualitatif.

  • Limites à prendre en compte : En contrepartie, elles nécessitent l’ajout d’une isolation complémentaire pour atteindre les standards énergétiques actuels, impliquent un poids important qui impacte la structure, et génèrent une empreinte 


Briques isolantes


  • Domaines d’application : Ces briques sont particulièrement adaptées aux constructions neuves à haute performance énergétique, aux projets utilisant des techniques de préfabrication, ainsi qu’aux zones soumises à de fortes amplitudes thermiques.

  • Principaux avantages : Grâce à leur légèreté, leur excellente capacité isolante et leur faible impact environnemental (notamment en carbone gris), elles répondent aux enjeux contemporains de sobriété énergétique et de durabilité.

  • Limites à prendre en compte : Néanmoins, leur capacité portante est généralement inférieure à celle des matériaux traditionnels, et leur pose demande une grande rigueur afin d’éviter les ponts thermiques et garantir la performance globale du bâtiment.


Conclusion


Le choix entre calcaire et briques isolantes dépasse les aspects purement techniques. Il engage une réflexion globale sur la performance énergétique, le design architectural, les délais, le budget et l’impact environnemental.

Matériau noble et pérenne, le calcaire reste particulièrement adapté aux projets de restauration ou d’architecture valorisante, à condition d’être associé à une solution d’isolation. Les briques isolantes, elles, répondent aux enjeux actuels de sobriété énergétique, de rapidité d’exécution et de limitation du carbone gris. Une approche contextualisée permettra d’optimiser les bénéfices de chaque option en fonction des objectifs du projet et des contraintes du site.



Sources


[1] El-Gamal, M. A., El-Shafie, M., & Khalil, S. (2024). Influence of marble waste on the mechanical and thermal properties of fired clay bricks. Construction and Building Materials, 424, 141863. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S095006182402035X


[2] Roaf, S., Crichton, D., & Nicol, F. (2006). Energy performance of buildings: The use of simulation to evaluate and improve passive solar design. Building and Environment, 41(7), 913–919. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360132306002290


[3] Bahrami, K., & Heidari, M. (2022). Utilization of Limestone to Effect on Physical - Mechanical Properties of Fired Clay Brick. ResearchGate. https://www.researchgate.net/publication/365229206


[4] Ferrando, M., & Gupta, R. (2021). A review on building energy performance benchmarking methodologies. Energy and Buildings, 243, https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214509521000759


[5] Monis, M., & Rastogi, A. (2022). A Review of Passive Design Strategies for Improving Building Energy Performance. International Journal of Multidisciplinary Innovative Research, 2(1), 43–50. https://www.researchgate.net/publication/358284162


[6] Virginia Tech. (s.d.). Hokie Stone and campus architecture. https://www.vt.edu/about/traditions/hokie-stone.html


[7] Kenoteq Ltd. (2021). The K-Briq – The world’s first 90% recycled brick. Built Environment – Smarter Transformation. https://www.be-st.build/case-studies/the-k-briq-the-world-s-first-90-recycled-brick/


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