Gestion durable des sites de construction et de démolition
La gestion durable des sites de construction et de démolition est essentielle pour minimiser l'impact environnemental de ces activités. Les chantiers peuvent avoir des effets significatifs sur la biodiversité, la qualité de l'air ou la gestion des ressources. Le secteur de la construction contribue à 23% de la pollution atmosphérique, 40% de la pollution de l'eau potable, et 50% de déchets mis en décharge. En mettant en œuvre des pratiques durables, il est possible de réduire ces impacts, de contribuer à la préservation de l'environnement mais aussi d’améliorer les conditions de travail du personnel de chantier. Ce blogpost se concentrera sur quatre aspects: la gestion des déchets, la gestion de l’eau, et la gestion des émissions et de l'énergie, ainsi que la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs.
Gestion des déchets
La gestion des déchets sur les sites de construction est un enjeu crucial pour la durabilité et l'efficacité des projets. En France, le secteur du bâtiment représente environ 19 % de la production de déchets du BTP, soit 46 millions de tonnes par an. À titre de comparaison, chaque année, environ 30 millions de tonnes de déchets ménagers sont produits. Les déchets du secteur du bâtiment proviennent principalement de trois sources : la démolition (49 % des déchets), la réhabilitation (38 % des déchets) et la construction neuve (13 % des déchets). Le taux global de valorisation des déchets dans le secteur de la construction varie entre 48 % et 64% en fonction de l'activité et du type de déchets. En termes de type de déchets, les déchets inertes, comme les gravats et les matériaux de démolition, sont valorisés à un taux de 60 % à 70 %, tandis que les déchets non dangereux non inertes, comme le bois et les plastiques, ont un taux de valorisation de 30 % à 50 % seulement.
Solutions pour la gestion des déchets :
Tri et séparation à la source : Faciliter le tri des déchets directement sur le chantier pour maximiser la valorisation. Cela permet de séparer les déchets inertes des déchets dangereux et non dangereux, améliorant ainsi les taux de recyclage.
Réutilisation et recyclage : Encourager la réutilisation des matériaux et le recyclage des déchets de construction. Par exemple, les gravats peuvent être concassés et réutilisés comme granulats pour les nouvelles constructions.
Plans de gestion des déchets de chantier (PGDC) : Mettre en place un PGDC pour prévoir et organiser la gestion des déchets tout au long du projet, y compris des stratégies pour la réduction, le réemploi et le recyclage.
Formations et sensibilisation : Former les travailleurs à la gestion des déchets et à l'importance du tri. La sensibilisation des équipes est essentielle pour assurer une gestion efficace des déchets.
Analyse du Cycle de Vie (ACV)
L'ACV est un outil essentiel pour évaluer l'impact environnemental des matériaux et des processus utilisés dans la construction. L'ACV permet de mesurer les impacts environnementaux à chaque étape de la vie d'un produit, depuis l'extraction des matières premières, passant par la construction et la mise en service du bâtiment jusqu'à la fin de vie du bâtiment ou sa démolition. Il est essentiel dans la gestion des déchets car il permet de comprendre le cycle de vie complet des matériaux utilisés permettant d’optimiser leur utilisation et de minimiser les déchets générés. Pour en apprendre plus sur l’ACV des bâtiments, rendez-vous sur notre blog dédié.
Gestion de l’Eau
La consommation d'eau sur les sites de construction est une problématique environnementale majeure. Pour les grands projets de construction, comme les immeubles de bureaux, les centres commerciaux, ou les infrastructures importantes, la consommation d’eau peut atteindre des dizaines, voire des centaines de milliers de litres par jour.
L'eau est utilisée à différentes étapes du processus de construction. Par exemple, le nettoyage du matériel de peinture peut consommer de grandes quantités d'eau. Le nettoyage d'un seul rouleau de peinture au robinet peut utiliser entre 30 et 50 litres d'eau potable par jour, ce qui, multiplié par le nombre de travailleurs sur un chantier, représente un volume considérable d'eau consommée chaque jour. Pour réduire cette consommation, des stations de lavage spécialisées peuvent être utilisées, permettant de limiter le volume d'eau nécessaire Ou encore, un traitement de sol peut consommer jusqu'à 80 m³ d'eau par jour. L'utilisation de systèmes de distribution d'eau efficaces et leur entretien régulier peuvent aider à réduire cette consommation.
L'installation de compteurs d'eau provisoires sur les chantiers est primordiale permettant de surveiller la consommation d'eau et de détecter rapidement les fuites. On estime qu'environ 1 milliard de m³ d'eau sont perdus chaque année dans les réseaux d'eau en raison de fuites non détectées. De plus, c'est lors de la phase de construction qu’on a le plus de chance de créer une fuite, à cause des engins de chantier, d’une mauvaise manipulation, installation ou autre. La mise en place de systèmes de surveillance et de documentation de la consommation d'eau est cruciale pour gérer efficacement cette ressource et prévenir les pertes inutiles.
Pour atténuer l'impact environnemental, plusieurs pratiques peuvent être mises en place. Utiliser des systèmes de récupération des eaux de pluie pour les besoins non potables est une approche efficace. Sensibiliser les équipes de construction aux bonnes pratiques environnementales et instaurer des systèmes de surveillance de la consommation d'eau permettent également de mieux gérer cette ressource. De plus, l'adoption de techniques comme la méthode Water Footprint Network (« Water Scarcity Indicator »), la méthode Pfister (« Water Stress Index ») et la méthode AWARE (« Relative Available Water Remaining ») peut aider à évaluer et à minimiser l'empreinte hydrique des projets de construction.
Gestion des émissions et de l’énergie
En France, le secteur du bâtiment représente 43% de la consommation énergétique annuelle et génère 23% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays.
La gestion des émissions et de l'énergie sur les chantiers de construction peut permettre de réduire l'impact environnemental de ce secteur. Le béton, l'un des matériaux les plus utilisés dans le BTP, est responsable d'environ 52 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur et d'environ 5% des émissions GES au niveau mondial.
Pour réduire les émissions et la consommation d'énergie sur les chantiers, plusieurs solutions peuvent être mises en place :
Utilisation d'équipements à faibles émissions : Adopter des machines et engins de chantiers électriques ou hybrides pour réduire l'utilisation de combustibles fossiles. Utiliser des systèmes performants, par exemple, choisir une pompe à eau certifiée ENERGY STAR® peut permettre jusqu'à 30% d'économie d'énergie par rapport à une pompe conventionnelle su un chantier.[ ]
Utilisation de matériaux écologiques : L'utilisation de matériaux écologiques et de nouvelles formes de béton peut aider à réduire ces émissions. Par exemple, le béton recyclé de Holcim permet une réduction de 10% des émissions de CO2 par rapport au ciment standard pour un investissement de 2 à 3% plus élevé par rapport au béton traditionnel. [Le béton recyclé permet également de diminuer les déchets de construction envoyés en décharge, contribuant ainsi à une économie circulaire plus efficace. L’outil indispensable pour le choix des matériaux est l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) permettant d’évaluer l’impact environnemental des matériaux tout au long de leur cycle de vie, en priorisant des matériaux certifiés à faible émissions.
Énergies renouvelables : Installer des sources d'énergie renouvelable, comme des panneaux solaires, pour alimenter les chantiers et les bâtiments en construction.
Suivi et optimisation : Mettre en place des systèmes de suivi en temps réel de la consommation énergétique pour identifier et corriger les inefficacités.
Santé, sécurité et bien-être des travailleurs
La pollution de l'air sur les chantiers de construction représente un risque majeur pour la santé des travailleurs. Les sources de pollution incluent la fumée de combustion, les gaz d’échappement, les fluides frigorigènes, les composés organiques volatils (COV), les poussières et les déchets organiques. Ces polluants peuvent causer des problèmes respiratoires, des maladies cardiovasculaires et aggraver des conditions préexistantes comme l'asthme. Pour atténuer ces risques, plusieurs solutions peuvent être mises en place :
Techniques constructives : Utilisation de la préfabrication et de fixations mécaniques pour réduire l'utilisation de colles. La préfabrication permet de préparer des éléments en usine, limitant ainsi les opérations génératrices de pollution sur le chantier. Les fixations mécaniques, comme les boulons et les vis, remplacent les colles et adhésifs chimiques, réduisant ainsi l'émission de COV sur le site.
Matériaux : Choix de finitions brutes sans traitement, matériaux à faible émission de COV, et application de techniques moins polluantes. Utiliser des matériaux labellisés, respectueux de l'environnement, et appliquer les produits au rouleau plutôt qu’en pulvérisation pour réduire la dispersion des particules nocives par exemple.
Utilisation des équipements : Entretien régulier des équipements pour réduire les émissions, utilisation d’équipements de protection. Assurer un bon entretien des machines pour éviter les fuites de fluides frigorigènes et réduire les émissions de gaz d'échappement. Fournir aux travailleurs des équipements de protection individuelle (EPI) adaptés, comme des masques respiratoires, pour limiter leur exposition aux polluants.
Organisation : Mise en place de zones spécifiques, de protocoles et de guides de procédures, et formation des travailleurs. Délimiter des zones de travail spécifiques pour les activités génératrices de poussières et de polluants, établir des protocoles stricts pour la manipulation des substances dangereuses, et former les travailleurs aux meilleures pratiques pour minimiser les risques d'exposition.
Le bruit sur les chantiers de construction est une source de nuisance et de risque pour la santé des travailleurs. Que ce soit pour la faune ou pour l'homme, le bruit peut, en fonction de son intensité, créer une gêne, une diminution temporaire de la sensibilité auditive, voire même une surdité. Voici quelques exemples des niveaux sonores que l'on peut retrouver sur un site de construction ou démolition et de l’impact de ceux-ci sur la santé des travailleurs :
Niveaux sonores | Engins de chantier | Impacts |
80 à 95 dB | Camion, compresseur non insonorisé, pistolet à peindre | Danger |
95 à 110 dB | Perceuse à percussion, scie circulaire | Lésion irréversibles |
> 110 dB | Marteau pneumatique, foreuse dans un espace clos, Pistolet de scellement |
Ces nuisances impactent non seulement le personnel de chantier mais aussi les riverains. Pour limiter les nuisances sonores, plusieurs mesures peuvent être mises en place :
Organisation : Regroupement des travaux bruyants dans des créneaux horaires spécifiques, planification pour éviter les activités bruyantes durant les heures sensibles, vérification régulière des niveaux sonores, et communication avec les riverains pour les informer des périodes de bruit intense.
Conception : Choix de conceptions et de matériaux permettant de réduire le bruit, comme l'utilisation de béton autoplaçant qui évite l'usage de vibreurs par exemple.
Dispositifs techniques : Utilisation de machines et d'équipements insonorisés, port d'équipements de protection individuelle (EPI) tels que des bouchons d'oreilles ou des casques antibruit, et mise en place de dispositifs de protection collective (EPC) comme des écrans anti-bruit en limite de parcelle et des semelles anti vibratiles.
La sécurité sur les chantiers de construction est un point à prendre en compte, avec des risques d'accidents élevés dus à la manipulation de matériaux lourds, le travail en hauteur, et l'utilisation d’engins. En France, environ 18% des accidents du travail avec arrêt se produisent dans le secteur du BTP, représentant près de 100 000 accidents par an. Pour améliorer la sécurité, les employeurs doivent mettre en place des protocoles stricts, offrir des formations régulières sur les bonnes pratiques de sécurité, et veiller à ce que tous les travailleurs utilisent les équipements de protection individuelle appropriés. Des audits réguliers et l'engagement des travailleurs dans les discussions sur la sécurité peuvent également contribuer à créer un environnement de travail plus sûr.
Conclusion
La gestion durable des sites de construction et de démolition est cruciale pour minimiser l'impact environnemental et améliorer les conditions de travail. En mettant en œuvre des solutions telles que le tri des déchets, l'utilisation de matériaux écologiques, l'installation de sources d'énergie renouvelable et la mise en place de systèmes de suivi en temps réel, il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie. L'Analyse du Cycle de Vie (ACV) joue un rôle essentiel en permettant une évaluation complète de l'impact environnemental des matériaux et des processus utilisés. En adoptant ces pratiques, le secteur de la construction peut contribuer de manière significative à la protection de l'environnement et à la promotion de la durabilité.
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