Comment aveugler un employé de bureau ?
Avez-vous déjà plissé les yeux en essayant de lire un écran d'ordinateur ou ressenti un mal de tête en raison d'une lumière trop forte au bureau ? Bienvenue dans le monde de l'éblouissement au travail, où des choix de conception inadéquats transforment nos espaces de travail en environnements inconfortables et stressants pour la vue. L'éblouissement et la mauvaise qualité visuelle au bureau peuvent sérieusement affecter la productivité et le bien-être des employés. Des recherches [1] ont montré que l'éblouissement peut avoir des conséquences néfastes sur notre organisme et diminuer la concentration, rendant l'expérience de travail quotidienne bien plus difficile.
Dans cet article, nous allons explorer les erreurs de conception qui provoquent ces désagréments visuels et proposer des solutions pour créer des environnements de travail plus confortables et adaptés aux besoins des employés.
Comprendre l'éblouissement et ses causes
L'éblouissement se produit lorsque la lumière dans un espace est trop intense ou mal positionnée, ce qui crée des zones de forte luminosité susceptibles de perturber la vision. Cette perturbation peut avoir plusieurs origines. Les fenêtres mal orientées, par exemple, peuvent laisser entrer une lumière directe du soleil à des moments inopportuns, causant des reflets gênants sur les écrans ou les surfaces de travail. Comme le souligne une étude de l'INRS [2], l'exposition prolongée à l'éblouissement peut entraîner une fatigue visuelle et des maux de tête, réduisant ainsi la productivité des employés.
De même, un éclairage artificiel mal conçu, que ce soit une lumière trop vive ou mal dirigée, peut créer des contrastes excessifs ou des ombres qui affectent le confort visuel. Depuis les années 1930, de nombreux scientifiques se sont penchés sur le sujet de l’éblouissement lors de la conception des systèmes d’éclairage. Par exemple, Sylvester K. Guth détermine une échelle de confort visuel au regard de l’éblouissement dû à l’éclairage d’intérieur [3] dans un article par la Société d'ingénierie de l'Éclairage (IES). Cette étude pionnière dans le domaine permettra de déterminer des normes à respecter comme dans nos certifications LEED où des critères spécifiques sont inclus pour minimiser l’éblouissement lumineux dans les bâtiments.
Les pièges courants dans la planification de l’éclairage
Plusieurs erreurs de conception contribuent à l'éblouissement et à la mauvaise qualité visuelle dans les bureaux :
Mauvaise orientation des fenêtres
Les fenêtres orientées plein sud ou sans protection solaire adéquate laissent entrer une lumière directe et intense, créant des contrastes lumineux importants qui peuvent gêner la vision. La nature du vitrage et son facteur de transmission, le facteur solaire, l’ombrage et l’orientation des vitres sont des facteurs à prendre en considération en plus de l’apport en chaleur souvent prioriser d’après un article [4] de l’association française Castors spécialisée dans la rénovation et la construction écologique et solidaire.
Éclairage artificiel inadapté
Utiliser des luminaires à intensité fixe ou des ampoules trop puissantes peut entraîner des points lumineux trop forts, particulièrement lorsque les luminaires sont mal positionnés par rapport aux zones de travail. La sensibilité à la lumière, également appelée photophobie, est l'un des symptômes les plus courants chez les personnes souffrant de migraine. Ils sont vécus par 80 % des personnes souffrant de migraine, bien que certaines études aient estimé que le pourcentage pourrait même être plus élevé. [5]
Écrans mal positionnés
Les écrans d'ordinateur placés face à des fenêtres ou sous une lumière directe créent des reflets gênants, forçant les employés à plisser les yeux et à se fatiguer plus rapidement. Une japonaise indique que 60% des travailleurs exposés quotidiennement aux écrans ont été diagnostiqués comme souffrant de la maladie de l'œil sec (DED) sur la base de divers symptômes oculaires affectant leur capacité à travailler. [6]
Études de cas
Il existe une complémentarité entre lumière naturelle et artificielle dans les environnements de travail. Dans un bureau récemment rénové, l'absence de fenêtres et l'utilisation exclusive d'éclairage électrique ont eu un impact négatif sur le bien-être des employés. Une étude [7] a révélé que les travailleurs sans accès à la lumière naturelle avaient des niveaux de vitalité et d'activité physique nettement inférieurs, entraînant ainsi une diminution de leur productivité. En effet, les employés exposés à un éclairage naturel ont rapporté une amélioration de leur qualité de sommeil de 46 minutes en moyenne par rapport à ceux qui n'en bénéficient pas.
Pratiques recommandées
Pour atténuer l’éblouissement et améliorer la qualité visuelle dans les bureaux, plusieurs méthodes de conception éprouvées peuvent être mises en œuvre. Ces approches équilibrent l'utilisation de la lumière naturelle et artificielle pour garantir un environnement de travail confortable et productif.
Valorisation de la lumière naturelle
La valorisation de la lumière naturelle consiste à maximiser son usage tout en limitant le recours à l'éclairage artificiel. Installer des fenêtres bien placées, des puits de lumière, et des dispositifs de réflexion permet de diffuser la lumière naturelle de manière équilibrée sans provoquer d’éblouissement excessif. De plus, des stores ou films anti-UV peuvent être ajoutés pour réduire l'intensité de la lumière directe tout en maintenant une bonne luminosité.
Conception zonale de l’éclairage
La conception zonale permet d’adapter les niveaux d’éclairage aux différentes tâches dans un espace donné. Un éclairage d’ambiance général peut être associé à un éclairage de tâche plus précis, comme des lampes de bureau à intensité variable, ce qui aide à réduire la fatigue oculaire. Ce type d'éclairage ajustable permet également de contrôler les contrastes et les ombres en fonction des besoins individuels.
Utilisation de luminaires ajustables et de contrôles intelligents
Les systèmes d’éclairage modernes, équipés de luminaires dimmables ou de LED ajustables en température de couleur, offrent une flexibilité essentielle. Cette solution permet de moduler l’intensité lumineuse selon la lumière naturelle disponible ou les préférences personnelles, ce qui réduit considérablement l'éblouissement et améliore le confort visuel.
Prévention de l’éblouissement par des systèmes d’ombrage
Les systèmes d’ombrage intégrés, tels que les stores motorisés ou les brise-soleil extérieurs, aident à réguler l'entrée de lumière solaire dans les espaces de travail. Ces dispositifs évitent que la lumière directe ne provoque des reflets gênants sur les écrans ou les surfaces de travail.
Distribution uniforme de la lumière
Une distribution uniforme de la lumière réduit les contrastes excessifs et les zones d’ombre, souvent sources d’inconfort visuel. Un éclairage diffus, réparti de manière homogène, contribue à un environnement visuel stable et moins fatiguant pour les yeux.
Positionnement des écrans
Le positionnement adéquat des écrans d'ordinateur reste essentiel pour éviter les reflets directs de la lumière. Placer les écrans de manière stratégique et ajuster leur luminosité en fonction de l'éclairage ambiant diminue la fatigue visuelle, améliorant ainsi la concentration et la productivité des employés.
Conclusion
L’éblouissement et la mauvaise qualité visuelle sont des problèmes souvent sous-estimés dans la conception des bureaux, mais ils ont un impact significatif sur le bien-être et la productivité des employés. En prenant des mesures simples mais efficaces, telles que l'ajustement de l'éclairage, la protection solaire et le positionnement des écrans, il est possible de créer un environnement de travail plus confortable et plus productif.
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[1] Hamedani, Z., Solgi, E., Skates, H., Hine, T., Fernando, R., Lyons, J., & Dupre, K. (2019). Visual discomfort and glare assessment in office environments: A review of light-induced physiological and perceptual responses. Building and Environment, 153, 267-280. https://doi.org/10.1016/j.buildenv.2019.02.035
[2] Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). (2022). Travail sur écran : prévention des risques pour les salariés. Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Consulté le 4 septembre 2024 à partir de https://guyane.deets.gouv.fr/sites/guyane.deets.gouv.fr/IMG/pdf/travail_sur_ecran.pdf
[3] Guth, S. K. (1966, octobre). Computing visual comfort ratings for specific interior lighting installation. Illuminating Engineering Society (IES). http://media.ies.org/docs/research/100papers/036.pdf
[4] Delpont, J.-L. (2020, 16 février). La fenêtre : fonctions, performances et enjeux (2/2). Castors. Consulté le 4 septembre 2024 à partir de https://les-castors.fr/2020/02/16/la-fenetre-fonctions-performances-et-enjeux-2-2/
[5] Laurell, L., Artto, V., & Bendsten, L. (2016). Symptômes prémonitoires de la migraine : une étude transversale chez 2 714 personnes. Céphalgie, 36(10), 951-959. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26643378/
[6] Kawashima, M., Yamatsuji, M., Yokoi, N., Fukui, M., Ichihashi, Y., Kato, H., Nishida, M., Uchino, M., Kinoshita, S., & Tsubota, K. (2015). Screening of dry eye disease in visual display terminal workers during occupational health examinations: The Moriguchi study. Journal of Occupational Health, 57(3), 253-258. https://doi.org/10.1539/joh.14-0243-OA
[7] Shishegar, N., & Boubekri, M. (2016). Natural light and productivity: Analyzing the impacts of daylighting on students’ and workers’ health and alertness. In Proceedings of the International Conference on Health, Biological and Life Science (HBLS-16) (pp. 18-19). Istanbul, Turkey. https://www.iicbe.org/upload/4635AE0416104.pdf
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