Bâtiments et Adaptation au Changement Climatique

Le changement climatique est l'un des plus grands défis du XXIe siècle, impactant fortement le secteur du bâtiment. Selon le rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), le nombre de catastrophes liées aux conditions météorologiques extrêmes a été multiplié par cinq entre 1970 et 2019, entraînant la mort de plus de 2 millions de personnes et des pertes économiques de 3,64 trillions de dollars​​​​. L'adaptation des bâtiments est donc essentielle pour assurer leur résilience face aux futurs défis climatiques. Ce blogpost explore les impacts du changement climatique sur les bâtiments, les stratégies d'adaptation possibles, et le rôle des différents acteurs dans cette transition. En soulignant l'importance de l'adaptation, nous espérons encourager une action concertée pour construire un avenir résilient.

Comprendre le Changement Climatique et ses Risques

Le changement climatique est une réalité qui affecte de plus en plus notre quotidien et nos infrastructures. Parmi les secteurs les plus touchés, le secteur du bâtiment doit être plus résilient et s'adapter pour faire face aux risques climatiques croissants. 

Changement climatique 

Selon la définition des Nations Unies, le changement climatique représente “ les changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables.”

Adaptation

L’adaptation au changement climatique se réfère à  “la capacité d’adaptation est le degré d’ajustement d’un système à des changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes) afin d’atténuer les dommages potentiels, de tirer parti des opportunités ou de faire face aux conséquences. “

Cela inclut des mesures telles que la modification des infrastructures, l'amélioration des systèmes et l'adoption de pratiques plus résilientes.

Résilience 

“En écologie, la résilience est définie comme la capacité d’un écosystème à retrouver ses fonctions après des perturbations importantes, qu’elles soient naturelles (incendie, inondation, tempête…) ou liées aux activités humaines (chasse, pratiques agricoles, pesticides…). Par exemple, la résilience d’un écosystème forestier après un incendie décrit sa capacité à se reconstituer à partir de la repousse d’arbres résistants, des graines dans le sol, des graines apportées par le vent, des animaux… “

Risques climatiques

Selon les Nations Unies : “La possibilité de conséquences négatives d'une ampleur indéterminée qui mettent en danger un bien de valeur. Les risques dépendent de la vulnérabilité (prédisposition à être affecté négativement), l'exposition (condition dans laquelle le système est exposé au phénomène ou à la tendance climatique) et le danger (événement naturel ou d'origine humaine qui peut avoir des effets néfastes sur les systèmes). “ 

Les risques climatiques, liés au changement climatique peuvent être classés en deux catégories principales: 

• Risques climatiques physiques : Sont directement liés aux aléas physiques qui peuvent affecter les actifs. Ils peuvent être chroniques (évolution lente, comme la modification de la température moyenne, le changement du régime des précipitations et l’élévation du niveau de la mer) ou aigus (événements provoqués par le changement climatique, comme l’intensification des vagues de chaleur, les tempêtes, les inondations, la submersion marine, les glissements de terrain, les sécheresses et les incendies). Le changement climatique affecte également la biodiversité, par exemple, la perte de biodiversité marine due à l’acidification des océans et à l’augmentation de la température de l’eau, et la perte d’espèces due à la modification des habitats naturels. Ces impacts affectent les fonctions des écosystèmes, constituant une menace pour les populations les plus vulnérables.

• Risques climatiques liés à la transition : Sont associés aux changements potentiels de l’environnement réglementaire et du paysage des politiques publiques affectés par la technologie et les forces du marché. Ces changements sont effectués en réponse au changement climatique, afin d’atténuer ou d’adapter les secteurs impactés. Ils sont mis en œuvre pour réduire les risques physiques mais peuvent avoir un impact en termes financiers et de réputation.

Impacts du changement climatique sur les bâtiments

Le changement climatique a des répercussions significatives et variées sur le secteur du  bâtiment, affectant à la fois les structures et la santé des occupants.

Effets Directs sur les Bâtiments

Les bâtiments subissent divers impacts directs dus au changement climatique, notamment des dommages structurels et une augmentation des coûts de maintenance. Les inondations, les tempêtes et les vagues de chaleur sont des exemples de phénomènes météorologiques extrêmes qui causent des dommages structurels importants. Par exemple, les inondations peuvent affaiblir les fondations, endommager les murs et les toits, et rendre les bâtiments inhabitables. Un exemple concret est celui des inondations de juillet 2021 en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas, qui ont causé des dégâts estimés à 43 milliards de dollars et fait environ 200 morts​​. De plus, les tempêtes violentes peuvent arracher les toitures, briser les fenêtres et causer des dommages considérables aux structures extérieures.

Les températures extrêmes peuvent provoquer des fissures et des déformations dans les matériaux de construction. La dilatation et la contraction répétées des matériaux sous l'effet de la chaleur et du froid peuvent affaiblir la structure des bâtiments, augmentant ainsi les coûts de maintenance et de réparation. En conséquence, ces coûts augmentent en raison des dommages plus fréquents causés par les événements climatiques extrêmes. De plus, les coûts énergétiques augmentent pour maintenir des conditions de vie confortables dans des bâtiments soumis à des températures de plus en plus extrêmes.

Conséquences pour la Santé et la Sécurité des Occupants

Le changement climatique a également des répercussions directes sur la santé, le confort et la sécurité des occupants. Les vagues de chaleur, par exemple, augmentent l’inconfort mais aussi les risques de maladies liées à la chaleur, en particulier pour les personnes vulnérables comme les personnes âgées et les enfants. Les bâtiments mal isolés ou sans climatisation adéquate peuvent devenir invivables pendant les périodes de chaleur extrême, augmentant les risques pour la santé des occupants. Un exemple frappant est la canicule de 2021 dans le nord-ouest du Pacifique, qui a entraîné des températures record dépassant les 46°C et causé des centaines de décès​​ ou plus récemment en Inde où les températures ont pu atteindre 52.3°C en banlieue de New Delhi ce 29 mai 2024. 

Les inondations et les tempêtes peuvent non seulement endommager les structures des bâtiments mais aussi causer des dommages humains. La gestion des risques et la planification d'urgence deviennent donc essentielles pour protéger la santé et la sécurité des occupants des bâtiments face à ces événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents. Plus de 1 500 événements météorologiques tels que des sécheresses, inondations, températures extrêmes et tempêtes se sont produits dans toute l'Europe entre 1923 et juin 2023, dont les deux tiers au cours du 21e siècle.

Stratégies d’adaptation pour les bâtiments

Le secteur du bâtiment doit adopter des stratégies proactives pour faire face aux défis imposés par le changement climatique. L'adaptation implique une combinaison de conception résiliente, de technologies innovantes et de politiques publiques efficaces.

Conception Résiliente

L'adaptation des bâtiments commence dès la phase de conception. Utiliser des matériaux durables et résistants aux conditions climatiques extrêmes, ainsi que des principes de conception bioclimatique, permet de réduire la vulnérabilité des bâtiments. La conception bioclimatique optimise l'utilisation de l'énergie naturelle pour le chauffage, le refroidissement et l'éclairage des bâtiments. En incorporant des éléments tels que des fenêtres performantes, une bonne isolation thermique et une bonne inertie thermique, et des systèmes de ventilation naturelle, les bâtiments peuvent maintenir des températures intérieures confortables tout en minimisant le besoin énergétique. Pour en apprendre davantage, consultez notre blog dédié à la construction passive et à l'architecture bioclimatique.

Technologies Innovantes

L'intégration de technologies modernes est cruciale pour améliorer la résilience et l’adaptabilité des bâtiments face aux impacts climatiques. Les systèmes de gestion de l'eau, tels que la récupération des eaux pluviales et les systèmes de drainage efficaces, aident à prévenir les inondations. De plus, l'utilisation de sources d'énergie renouvelable, comme les panneaux solaires et les éoliennes, contribue à réduire l'empreinte carbone des bâtiments tout en augmentant leur résilience énergétique. Les toits verts et les murs végétalisés sont des solutions supplémentaires qui permettent de réguler la température intérieure, de gérer les eaux de pluie et d'améliorer la qualité de l'air urbain.

Les bâtiments intelligents jouent un rôle essentiel dans cette adaptabilité aux conditions climatiques changeantes. Équipés de capteurs et de systèmes de gestion automatisés, ces bâtiments peuvent ajuster automatiquement le chauffage, la ventilation et la climatisation en fonction des conditions climatiques en temps réel, optimisant ainsi la consommation d'énergie et le confort des occupants. Les technologies de Gestion Technique du Bâtiment (GTB) permettent de surveiller et de contrôler les systèmes énergétiques et de sécurité, améliorant ainsi l'efficacité opérationnelle et réduisant les coûts. Pour en savoir plus sur les bâtiments intelligents, consultez notre blogpost ici.

Réglementations et Politiques Publiques

La mise en place de normes de construction résiliente et de codes du bâtiment adaptés aux risques climatiques est essentielle. Les gouvernements peuvent offrir des incitations financières pour encourager l'adoption de technologies durables et résilientes. Par exemple, des subventions pour l'installation de systèmes de gestion de l'eau et des énergies renouvelables peuvent stimuler l'adoption de ces technologies. L'adoption de normes plus strictes pour améliorer l'efficacité énergétique et la résilience climatique des bâtiments est nécessaire pour assurer une transition vers des infrastructures plus durables. 

Certifications Environnementales

Les certifications permettent l’encouragement et la reconnaissance des pratiques de construction durable. Des certifications comme LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) et BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) établissent des normes pour la conception, la construction et l'exploitation de bâtiments durables. Ces certifications évaluent divers aspects, tels que l'efficacité énergétique, la gestion de l'eau, la qualité de l'air intérieur, et l'utilisation de matériaux durables.

BREEAM :

• Crédit d'adaptation au changement climatique (WST05) : Reconnaît et encourage les mesures prises pour limiter l’impact des conditions climatiques extrêmes dues aux changements climatiques sur la durée de vie du bâtiment.

• Crédit ruissellement de surface (POL03) : Vise à éviter, réduire et retarder le rejet d’eaux pluviales dans les égouts publics et les cours d’eau pour minimiser les risques et impacts associés aux inondations, la pollution des cours d’eau et autres dégâts environnementaux. 
  

LEED :

• Catégorie de crédits "conception résiliente" : Encourage les équipes projets à intégrer des stratégies de résilience face aux changements climatiques dans la conception des bâtiments. Pour plus d'informations, consultez USGBC.
  

Ces certifications offrent des cadres reconnus à l'échelle internationale qui aident les propriétaires, les développeurs et les architectes à concevoir et à gérer des bâtiments plus durables et résilients.

Collaboration et Sensibilisation

La collaboration entre les gouvernements, les entreprises et les communautés est essentielle pour développer des solutions intégrées. La formation et la sensibilisation des professionnels du bâtiment sur les meilleures pratiques d'adaptation jouent également un rôle clé dans l'amélioration de la résilience des infrastructures. Des programmes de sensibilisation et des initiatives locales, comme les projets communautaires de revégétalisation urbaine et de création d'espaces verts, peuvent réduire les îlots de chaleur urbains et améliorer la gestion de l'eau par exemple. 

Conclusion

L'adaptation des bâtiments au changement climatique est cruciale pour protéger nos infrastructures et assurer la sécurité et le bien-être de leurs occupants. En intégrant des stratégies de conception résiliente, en adoptant des technologies modernes et en mettant en place des politiques publiques efficaces, nous pouvons minimiser les impacts climatiques et construire un avenir plus durable.

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