Progression du Green Building en Asie-Pacifique
Dans un contexte de croissance rapide et de pressions environnementales croissantes, la construction durable, ou "green building", s'impose comme un levier essentiel pour le développement de la région Asie-Pacifique. Face à l'urbanisation galopante et à l'augmentation de la demande en infrastructures, les économies de la région sont confrontées à un défi majeur : construire de manière plus responsable tout en répondant aux besoins économiques et sociaux.
L'intégration de pratiques de construction plus durables n'est pas seulement une réponse aux impératifs climatiques, mais aussi une opportunité d'améliorer l'efficacité énergétique, de réduire les émissions de CO₂ et de mieux gérer les ressources naturelles. Les pays d'Asie-Pacifique sont de plus en plus nombreux à adopter des politiques ambitieuses et à mettre en œuvre des certifications environnementales pour encourager cette transformation.
Cet article se penche sur la progression des bâtiments verts dans la région, en abordant les politiques en place, les tendances du marché et les initiatives locales qui façonnent l'avenir de la construction durable.
Vue d'ensemble du marché des Green Buildings en Asie-Pacifique
Le marché des bâtiments verts en Asie-Pacifique est en pleine expansion, stimulé par une urbanisation rapide, la pression croissante pour réduire les émissions de CO₂, et les engagements gouvernementaux pour une construction plus durable. En 2022, le marché des bâtiments verts dans la région a atteint une valeur de 163,4 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 5,7 % entre 2017 et 2022. Cette dynamique est soutenue par des politiques ambitieuses visant à réduire l'empreinte carbone des infrastructures et à promouvoir l'efficacité énergétique. [1] [2]
Les certifications environnementales, telles que LEED, Green Mark (Singapour), et BEAM Plus (Hong Kong), gagnent du terrain, incitant de nombreuses entreprises à adopter des pratiques de construction durable. Par exemple, en Chine, la certification 3-Star est un indicateur majeur de la progression vers des bâtiments plus écologiques, tandis que l'Australie et le Japon adoptent des politiques fiscales pour stimuler les investissements verts. [1]
En 2023, Singapour s'est démarqué comme un leader régional en matière de bâtiments verts grâce à l'initiative Green Mark, qui a déjà certifié plus de 4 000 projets, représentant environ 89 millions de mètres carrés d'espaces bâtis durables. De même, la Chine continue d'investir massivement dans des projets d'infrastructures durables dans le cadre de son objectif de neutralité carbone d'ici 2060, avec des millions de mètres carrés de bâtiments certifiés 3-Star. [1]
L'Asie-Pacifique se distingue également par une adoption croissante de technologies vertes telles que les énergies renouvelables et les solutions intelligentes pour la gestion des ressources. Cette tendance est renforcée par des subventions gouvernementales et des incitations fiscales visant à encourager les entreprises à intégrer des pratiques durables dès la phase de conception des projets.
Politiques et certifications dans les pays leaders de la région
Singapour : Leader du Green Building avec Green Mark
Singapour est un pionnier régional en matière de bâtiments verts grâce à son programme Green Mark, mis en place par la Building and Construction Authority (BCA). Ce programme vise à encourager l’adoption de pratiques de construction durable et à promouvoir des projets respectueux de l'environnement. Le système Green Mark évalue les bâtiments en fonction de leur performance énergétique, de la gestion de l'eau, de la qualité de l'environnement intérieur, ainsi que de l'innovation et des processus de construction durables. Depuis sa création, Green Mark a certifié plus de 4 000 projets représentant environ 89 millions de mètres carrés. Ces certifications sont soutenues par des incitations gouvernementales, telles que des subventions pour les rénovations vertes et des allégements fiscaux pour les projets certifiés, encourageant ainsi le secteur privé à s'engager activement dans la durabilité.
Un exemple emblématique est le projet Marina One, un développement intégré qui combine des espaces verts luxuriants, une gestion énergétique avancée et des technologies de pointe. Ce projet a obtenu la certification Green Mark Platinum et LEED Platinum, atteignant des économies d'énergie de 35 % grâce à des systèmes innovants tels que la récupération des eaux de pluie et la ventilation naturelle. Marina One témoigne de la volonté de Singapour de réduire son empreinte carbone et de devenir une ville plus verte. [3] [4]
Chine : L’impact des politiques gouvernementales
La Chine, en tant que deuxième plus grande économie mondiale, joue un rôle crucial dans la transition vers des bâtiments plus durables. Le gouvernement chinois a mis en place une série de politiques ambitieuses pour réduire les émissions de CO₂ et améliorer l'efficacité énergétique dans le secteur de la construction. En ligne avec son objectif de neutralité carbone d'ici 2060, la Chine a introduit le système de certification 3-Star, qui évalue les bâtiments en fonction de critères environnementaux stricts, y compris la gestion des ressources énergétiques, la conservation de l'eau et l'impact environnemental général.
En 2020, plus de 7 000 projets avaient obtenu cette certification, représentant plusieurs millions de mètres carrés de bâtiments verts. Des projets comme le Tianjin Eco-City, co-développé par la Chine et Singapour, sont des exemples phares de l'impact de ces politiques. Cette ville modèle met en œuvre des pratiques de construction durable à grande échelle, intégrant des technologies de pointe pour réduire les émissions et maximiser l'efficacité des ressources. [5] [6]
Australie : La Green Star Certification et son influence
En Australie, le système de certification Green Star, géré par le Green Building Council of Australia (GBCA), est devenu la référence pour les bâtiments durables. Green Star évalue les projets en fonction de critères tels que la gestion de l'énergie, la qualité de l'air, la conservation des matériaux et l'innovation. Depuis sa création, Green Star a certifié plus de 400 projets dans tout le pays, couvrant des secteurs aussi variés que l’éducation, les infrastructures publiques et les bureaux. [7]
Un projet notable est One Central Park à Sydney, qui a reçu une certification Green Star pour son intégration innovante de l’architecture biophilique, sa production d'énergie solaire sur site et sa gestion optimisée de l'eau. Ce type de projet montre l'engagement croissant de l'Australie envers les pratiques de construction durable et son ambition de réduire significativement son empreinte carbone.
Hong Kong : BEAM Plus et l’innovation dans la durabilité
À Hong Kong, le système de certification BEAM Plus, géré par le Hong Kong Green Building Council (HKGBC), joue un rôle central dans la promotion de la durabilité dans le secteur de la construction. BEAM Plus évalue les projets en fonction de leur performance énergétique, de la gestion des déchets, de l'impact environnemental et des innovations architecturales.
Hong Kong se distingue par sa capacité à intégrer des technologies vertes dans ses projets, notamment dans la gestion des ressources en eau et en énergie. Le projet The Quayside, par exemple, est l'un des premiers à avoir obtenu la certification BEAM Plus Platinum. Ce projet innovant optimise la gestion des ressources tout en incorporant des espaces verts et des solutions architecturales avancées pour répondre aux exigences de durabilité. [8] [9]
Tendances et défis pour le Green Building en Asie-Pacifique
La région Asie-Pacifique est actuellement un moteur clé du développement durable dans la construction, en réponse à une urbanisation rapide et une pression accrue pour réduire l'impact environnemental des bâtiments. Parmi les tendances clés, on note une transition croissante vers des bâtiments à faible émission de carbone, l'adoption de technologies vertes, et l’intégration de solutions passives. L'utilisation des énergies renouvelables (solaire, éolien) et l'intégration de smart buildings connectés, utilisant des capteurs pour optimiser la gestion des ressources, sont également en expansion. Ce mouvement est particulièrement visible dans des pays comme l'Australie, Singapour, et la Chine, où les investissements dans les technologies solaires et les systèmes de stockage d'énergie ont augmenté, contribuant à la réduction des émissions de CO₂ et à l'amélioration de l'efficacité énergétique.
Cependant, plusieurs défis freinent cette adoption généralisée des pratiques de construction durable. Le premier obstacle réside dans le manque d'uniformité des réglementations environnementales dans les pays de la région. Alors que certains pays comme Singapour et l'Australie ont des cadres réglementaires solides en matière de construction verte, d'autres, notamment les économies émergentes, manquent encore de normes cohérentes. Cela complique la diffusion des pratiques de construction durable à travers la région. De plus, le coût élevé des matériaux durables et des technologies vertes demeure un frein, notamment dans les pays à plus faibles revenus où les matériaux recyclables et à faible empreinte carbone ne sont pas encore facilement accessibles.
Un autre défi important est le manque de formation et de sensibilisation aux technologies vertes dans de nombreuses économies émergentes. Ce déficit de compétences affecte la capacité des professionnels du secteur à intégrer efficacement des solutions durables dans leurs projets, ralentissant ainsi la transition vers des pratiques de construction plus écologiques. Le renforcement des capacités et la mise en place de formations sur la construction durable sont donc des priorités pour permettre une adoption à plus grande échelle
Les nouvelles technologies représentent néanmoins une solution prometteuse pour surmonter ces obstacles. Par exemple, le Building Information Modeling (BIM) offre une gestion plus efficace des ressources tout au long du cycle de vie d'un bâtiment, de la conception à la construction en passant par l'exploitation et la maintenance. L'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans la gestion des systèmes énergétiques permet d'anticiper et de réduire la consommation d'énergie, tout en améliorant le confort des occupants. De plus, l'intégration de matériaux recyclables et innovants dans la construction, comme le béton écologique ou le bois durable, contribue à la création de bâtiments à faible impact environnemental et à une utilisation plus efficiente des ressources.
Conclusion
La région Asie-Pacifique est à l’avant-garde du développement durable dans le secteur de la construction. Grâce à des politiques ambitieuses, à des investissements massifs dans les technologies vertes, et à l’adoption croissante de certifications environnementales, les pays de la région s'efforcent de répondre aux défis posés par l'urbanisation rapide et le changement climatique. Des pays comme Singapour, l'Australie et la Chine montrent la voie avec des programmes solides comme Green Mark, Green Star et le 3-Star Rating System, qui encouragent une approche plus responsable de la construction et de la gestion des ressources.
Cependant, malgré ces avancées, des défis importants demeurent. Le manque d'harmonisation des réglementations, le coût élevé des matériaux durables et la faiblesse des infrastructures de formation dans certains pays freinent encore une adoption généralisée des pratiques de construction durable. Les progrès technologiques, comme le BIM et l’intelligence artificielle, ainsi que l'intégration croissante des matériaux recyclables, offrent toutefois des solutions prometteuses pour surmonter ces obstacles.
À l’avenir, la coopération régionale et internationale, soutenue par des politiques incitatives et des investissements dans l'innovation, sera essentielle pour accélérer cette transition vers un secteur de la construction plus durable. Pour les entreprises et les investisseurs, la durabilité n'est plus une option, mais un levier stratégique incontournable, garantissant non seulement la protection de l’environnement, mais aussi la rentabilité à long terme dans un marché en constante évolution.
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[1] GlobalData. (n.d.). Asia-Pacific green buildings market analysis. Retrieved from https://www.globaldata.com/store/report/apac-green-buildings-market-analysis/
[2] GlobalData. (2023). Asia-Pacific (APAC) green buildings market forecast to 2027. Retrieved from https://www.marketresearch.com/GlobalData-v3648/Asia-Pacific-APAC-Green-Buildings-34907984/
[3] Greenroofs.com. (2021, November 19). Featured project: Marina One Singapore. Retrieved from https://www.greenroofs.com/2021/11/19/featured-project-marina-one-singapore/
[4] Marina One Residences. (n.d.). Sustainability at Marina One Residences. Retrieved from https://marinaoneresidences.co/marina-one-residences-sustainability.html
[5] Transition China. (n.d.). Energy-efficient buildings in China: Standards and financing mechanism. Retrieved from https://transition-china.org/citiesposts/energy-efficient-buildings-in-china-standards-and-financing-mechanism/
[6] Advances Engineering. (n.d.). Certifying green buildings in China: LEED vs 3-Star. Retrieved from https://advanceseng.com/certifying-green-buildings-china-leed-vs-3-star/
[7] Green Building Council Australia. (n.d.). Green Star rating system for buildings. Retrieved from https://new.gbca.org.au/green-star/rating-system/buildings/
[8] Earth.org. (n.d.). Green buildings in Hong Kong: How effective are they?. Retrieved from https://earth.org/green-buildings-in-hong-kong-how-effective-are-they/
[9] Hong Kong Green Building Council. (n.d.). The Quayside green building project. Retrieved from https://greenbuilding.hkgbc.org.hk/projects/view/94
Written by Mehdi BELAHOUCINE
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